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L' Américaine de Catherine Bardon : voyages et quête d'identité.

Dernière mise à jour : 16 sept. 2020

Editions Les Escales, 2019, 510 p.

Editions Pocket, 2020, 592 p.



Je vous propose de poursuivre notre épopée littéraire avec l’Américaine de Catherine Bardon, la suite du roman les Déracinés qui m’avait complètement emportée. Dans cet opus, l’auteure nous embarque dans un voyage qui met en lumière le parcours de Ruth, la fille de Wilhelm et d’Almah pendant les années soixante, plus précisément de 1961 à 1966.


Avec les Déracinés, Catherine Bardon avait en effet placé la barre très haut et je m’attendais donc à un récit moins pénétrant voire moins intéressant. Pour rappel, les Déracinés est la version romancée d’un témoignage recueilli par l’auteure retraçant l’exil de Wilhelm et Almah Rosenheck, juifs autrichiens obligés de fuir pendant la deuxième guerre mondiale. Avec son premier roman, Catherine Bardon, qui est également l'auteure de guides de voyage, nous transmet également sa passion pour la République Dominicaine.


Je n’ai pas hésité longtemps à me plonger une nouvelle fois dans cet univers à la fois sombre et lumineux, imprévisible et pourtant tout tracé du point de vue historique. Je vous conseille néanmoins vivement de lire le premier tome au préalable au risque de ne pas vous immerger avec la même intensité aux côtés des protagonistes.


Mais passons au synopsis.


Septembre 1961. Ruth Rosenheck quitte la République Dominicaine pour rejoindre son oncle et sa tante, Aaron et Myriam Ginsberg, la sœur de Wilhelm ainsi que leur fils Nathan à New York. Ruth est décidée : elle a abandonné ses études d’infirmière pour suivre les traces de son père et souhaite devenir journaliste.


Pendant la traversée, elle fera la connaissance d’un certain Arturo Soteras. Ruth est blonde aux yeux bleus, il ne s’attend pas à ce qu’elle soit Dominicaine. Hors de Sosùa, la jeune femme peine à définir son identité. Dominicaine, autrichienne, juive ? En répondant aux premières questions du jeune homme dans un espagnol à l'accent dominicain, Ruth parviendra à sa grande satisfaction à le surprendre.


Arrivée à New York, Ruth sera profondément troublée lorsque qu’elle apercevra Ellis Island. Immigrée volontaire avec droit de passage, elle ne pourra réprimer un sentiment étrange d’amertume en imaginant ses parents et son frère Frédérick se voyant refuser le droit de pénétrer sur le territoire américain. Grâce à sa tante, elle a droit à son « rêve » américain.


Pour autant qu’il existe.


Une fois installée chez les Grinsberg, Ruth s’installe petit à petit dans sa nouvelle vie. Pleine d’ambition, elle s’inscrit à l’université de Columbia et devient apprentie journaliste au Times. Un nouveau monde dans lequel elle fait figure d’étrangère. Un monde qui file à cent à l’heure, dans lequel elle doit notamment parfaire son niveau d’anglais pour parvenir à trouver sa place. Heureusement, pendant son temps libre, elle trouvera en Arturo, son compatriote, un fidèle allié et confident.


En choisissant de partir pour les Etats-Unis, elle espère sans doute y trouver les réponses à ses nombreuses questions. Concernant son père et ses secrets, le métier de journaliste ou l’expérience de l’exil. Elle y retrouvera également son amie d’enfance Lizzie. Elle aussi porte le fardeau des enfants de survivants et du poids de leur histoire. Nous pourrons suivre à travers leurs retrouvailles et leur correspondance l’évolution de leur amitié.


De son côté, à Sosùa, Almah essaie de se réinventer dans un pays en proie à l'instabilité politique. Trujillo n'est plus mais rien n'est encore décidé quant à sa succession. Pour ce qui est de la ferme, son fils Frédérick pourra s’en occuper mais connaissant son caractère vif, franc et aventurier, inutile de s’attendre à ce que notre héroïne s’enlise dans une routine insipide. Le passé ressurgira malgré tout avec son lot de péripéties.


Avec L’Américaine, Catherine Bardon prolonge sa fresque littéraire avec son style précis, rythmé et sans fioritures. En choisissant de se focaliser sur l’évolution de Ruth, elle nous permet d'imaginer le ressenti d'une jeune femme face aux épisodes marquants de la première partie des années soixante sans pour autant tomber dans une sorte de nostalgie passéiste.


Alors, certes, ce deuxième tome ne m’a pas emportée autant que les Déracinés mais il l’aura fait différemment, comme si moi aussi j’entreprenais un long voyage au bout du monde.


De prime abord, le parcours de Ruth peut paraître plus léger mais il n’en reste pas moins dense pour celui ou celle qui saura faire attention aux détails historiques et autres références disséminés page après page. J’ai aimé son énergie lors de ses débuts à New York, son désir de suivre les traces de son père, pour décider finalement de suivre ses envies.

Loin de toute success story, son parcours parsemé d’embuches la mènera à se questionner et peut-être à trouver sa voie.


En commençant la lecture de cet ouvrage, je craignais que la grande histoire ne vienne s’interposer trop bruyamment au risque d’étouffer les parcours respectifs de Ruth et Almah. Grâce à l’approche de Catherine Bardon, il en fut tout autrement : l'Américaine vaut sans aucun doute le détour, ne fut-ce que pour découvrir la République Dominicaine à une autre période de son histoire. Il est vrai que certains personnages masculins auraient gagné en plus de complexité mais la venue à bord d'Arturo me semble déjà assez bien menée. D'autant plus que dans la suite d'un roman , il me paraît primordial de retrouver les personnages connus tout en ayant l'opportunité de suivre l'évolution de la génération suivante.


Je quitte donc cet opus en gardant l’impression d’avoir fait la connaissance d’une nouvelle personne que j’aurai très certainement le plaisir de retrouver grâce à la lecture de Et la vie reprit son cours, la suite et le troisième tome de cette belle fresque historique.




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