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Il y a seul amour de Santiago H. Amigorena : confessions nocturnes dans un musée.

Dernière mise à jour : 9 oct. 2020

Editions Stock, 2020, 120 p.




Cinquième volume de la collection « Ma nuit au musée » des Editions Stock, Il y a un seul amour de l’écrivain franco-argentin, Sanitiago H. Amigorena nous livre les impressions de son passage au Musée national Picasso de Paris lors de l’exposition consacrée à Giacometti.


Je remercie infiniment les Editions Stock ainsi que Netgalley France pour m'avoir donné l'occasion de découvrir la plume de cet auteur.


En cette période de déconfinement, pouvoir partager une nouvelle expérience d’enfermement n’aurait pas eu de quoi séduire si celle-ci ne s’était passée dans un lieu si insolite.


En acceptant de passer une nuit dans un musée célèbre à un moment déserté de la foule, l’auteur nous offre le privilège de pénétrer les secrets d’un monument abritant les œuvres d’un peintre et d’un sculpteur mythiques tout en orchestrant un dialogue fascinant entre deux formes d'amour. Une question centrale découlera de ses réflexions : l'amour de le l'art peut-il remplacer l'amour entre un homme et une femme ?


S’agit-il pour l’écrivain d’un privilège ou d’une pénitence ? En relisant certains passages de son récit, on comprend rapidement que Santiago H. Amigorena oscille entre les deux. Privé de la présence de sa compagne, il nous dévoile le manque qui l’envahit et choisit de se livrer à un questionnement presque métaphysique sur l’amour et sa nature.


Est-il possible de le définir une fois pour toute et de dépasser les contradictions qu'il évoque? Privé de sa compagne, l’amour de l’art et la peinture lui permettront-il de trouver des réponses à ces questionnements qui semblent le hanter ?


Rapidement, l’auteur nous captive. Pourquoi donc avoir accepté de participer à cette curieuse aventure ? Quel sens donner à cette étrange séparation si ce n’est en consacrant la nuit et en défiant la solitude qu’elle entraîne par l’écriture. Se séparer pour mieux se retrouver, faire des retrouvailles un moment unique, un nouveau départ peut-être.


Avant que la nuit ne tombe, il lui faudra prendre ses marques dans cet hôtel dont les conditions de vie seront assez rudimentaires : un lit de camp et une petite table tenant lieu de bureau, un plateau-repas en guise de dîner. Le temps est donc venu de savourer, de pouvoir contempler minutieusement les tableaux et les sculptures, de s’imprégner de leur histoire, de se laisser aller à la contemplation pour enfin s’évader. Mais la magie ne prend pas, une distance hermétique semble s’installer entre notre spectateur et l’univers qui l’entoure.




Il tente alors de s’immerger dans un autre récit que le sien, l’Expérience intérieure de Georges Bataille, comme pour mieux se rapprocher de sa compagne absente qui a entamé la lecture de l’ouvrage quelques semaines plus tôt. Mais après quelques passages, il souhaite donner une nouvelle chance aux oeuvres qui l'entourent. Une dernière promenade parmi les allées de l’Hôtel Salé lui permettra-t-elle de s’immerger dans l’histoire de cet endroit imposant ? Non, décidément, c’est peine perdue : aucune de ses peintures ne parviennent à combler le vide qui s’est installé en lui.


Alors qu'il tente désespérément de s’endormir pour mieux échapper à son manque, son monologue intérieur reprend de plus belle. Ses pensées continuent leur interminable va-et-vient et se changent en véritables confessions sur le rôle de l’écriture. L’intime prend la place du récit, prenant presque la forme d’une lettre où s’évacuent les peurs et les doutes et où Santiago H. Amigorena revient sur son parcours d’écrivain.


Le sommeil finira par l’emporter, la longue nuit s’interrompt enfin pour lui offrir un moment de répit.


Les barrières finissent enfin par tomber et le rêveur prend enfin possession des lieux. Accompagné de Picasso et de Giacometti, l’auteur se laisse emporter par le monde de l’art et nous offre finalement la visite guidée tant espérée. De Goya à Vermeer, en passant par Balthus, le dormeur éveillé nous partage ses impressions. Des instants uniques et étranges qui mettent habilement en valeur le pouvoir inégalé de l’imagination.


Il y a un seul amour est un récit intemporel nous partageant une expérience des plus singulière et insolite et qui parvient à nous offrir un moment d’évasion des plus original. L’ambiance qui s’en dégage est assez particulière, presque irréelle. Grâce à une plume des plus envoûtante, nous suivons les tribulations d’un écrivain nous livrant un voyage intérieur tour à tour sombre, troublant et lumineux. Les questions soulevées quant à la nature humaine perturbent tout autant qu’elles passionnent. Un récit subtil nous ouvrant un vaste espace d’érudition, un parcours parsemé de poésie agrémentée d’une belle dose de lyrisme.

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