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La tresse de Laetitia Colombani

Dernière mise à jour : 9 oct. 2020

ou comment la globalisation noue le destin de trois femmes



Editions Grasset, 2017, 224 p.

Editions Le Livre de Poche, 2018, 240 p.

Je viens de relire La tresse. J'avais besoin d’une lecture qui nous parle de défis à remonter, d’avancement, de progression dans ce climat général de confinement et d’isolement.

Je l’avais aimé en première lecture, je l’ai redécouvert sous un autre angle aujourd’hui. Je vous le conseille vivement, si vous avez un moment en soirée ou pendant le week-end lorsque vos enfants ou vos parents vous laissent un peu de temps.


Résumé : trois femmes d’origine et de pays différents, inconnues les unes aux autres, verront leur destin s’entremêler. Nous ferons la connaissance de Smita, Giulia et Sarah.

La première, encore enfant, est indienne. En raison de son statut de Dalit, la classe des Intouchables, elle est privée d’école et doit venir en aide à ses parents, en exerçant l’un des métiers les plus ingrats. La deuxième, Giulia est la fille d’un entrepreneur italien spécialisé dans la fabrication d’extensions de cheveux. Et enfin, Sarah, brillante avocate canadienne, a consacré sa carrière à l’imposant cabinet Johnson et Lockwood.


Un partage des cultures


L’auteure, déjà connue pour sa carrière cinématographique, a entrepris avec la publication de ce roman un pari audacieux, courageux, nous plongeant dans le quotidien et l’intimité de trois femmes, trois univers parallèles dont les destinées seront chamboulées et qui tenteront de se reconstruire.


S’il a pu lui être reproché d’être tombée dans une sorte de caricature, la démarche de Laetitia Colombani reste des plus généreuse et le choix de valoriser la culture de chacune des protagonistes constituent une belle réussite.


Grâce à une écriture fluide, rythmée et franche, nous nous sommes immédiatement immergés dans ce récit. Nous comprenons rapidement que les destinées de ces trois femmes se croiseront, que les pérégrinations de Smita, la lutte de Giulia pour sauver l’entreprise familiale et la bataille de Sarah face à la maladie trouveront une issue commune. Mais par quel subterfuge, par quels événements ?



L'un des attraits incontestables de ce livre est la place donnée à la spiritualité hindoue, en ce qui concerne Smita, et à la religion chrétienne pour Giulia, la sicilienne. Que de beaux et difficiles moments à suivre cette petite dame au côté de sa mère, au cours de leur escapade vers un lieu plus sûr. Ou à accompagner Giulia, lorsqu’elle s’arrête dans une église et allume une bougie en l’hommage de son père. Des moments de réconfort dont ne bénéficiera pas Sarah, à notre regret. Et ce, afin, de lui offrir un espace d’apaisement qui lui permette de se reconnecter plus paisiblement avec le monde.


Une raison supplémentaire de lire ou relire cet ouvrage sont les passages entrecoupant les chapitres, ces poses plus intimes dans le récit, dans lesquelles une narratrice inconnue nous conte ses heures passées à rassembler les cheveux, à nous conter ces heures dans un atelier italien, indien ou peut-être canadien. Cette parenthèse apporte un second souffle et nous tresse joliment ces trois récits de vie.


Mais au-delà de tous ces éléments, ce roman a une dimension plus universelle dans la mesure où il rend un magnifique hommage à la place du rôle de l’éducation, de l’accès au savoir pour les femmes en général. Car comment pouvoir se réinventer dans ce monde globalisé, ressenti de plus en plus comme un frein à notre évolution, dans une société où l’image prend souvent le dessus sur la pouvoir de la réflexion si nous n'avons pas accès à la culture et aux livres en particulier.


Bonne lecture

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